Ces jours-ci, les lois ACTA en Europe,
SOPA/PIPA aux Etats-Unis et C-11 au Canada vont être ratifiées.
La mobilisation massive sous la forme de
manifestations et de pétitions est nécessaire.
Ainsi s’expriment avec force, et
collectivement, le désaccord et l’indignation face à ces lois antidémocratiques
et répressives.
En effet, le pouvoir qui est face à nous
repose d’abord sur la force législative de contrôle et de répression.
Quel regard peut-il porter sur les manifestations
et la mobilisation du peuple ?
Il se félicite d’un rapport de force toujours
décalé qui voue tout affrontement à l’inanité. Car le pouvoir du système se
situe à un niveau protégé, là où les manifestations ne peuvent aucunement
l’atteindre. Vus de cette hauteur là, les manifestants ne sont que des pantins
qui gesticulent.
Comment se poser face à ce pouvoir, sur le
même plan, là où l’affrontement direct devient possible et se rend
potentiellement significatif ?
Anonymous nous en donne l’exemple.
Déjà depuis un certain temps, il est entré
dans une forme de résistance nouvelle et adaptée ; il se sert d’une arme
de pointe : le savoir dans un domaine précis.
Car le pouvoir en place, reposant sur sa force législative, s’érige surtout sur un savoir étendu et
poussé dans tous les domaines. Ce savoir est retenu, contrôlé et détourné à des
fins politiques, c’est-à-dire, utilisé prioritairement pour l’affermissement de
ce pouvoir.
La connaissance est déjà un élément-clé de la
dénonciation, et les manifestations s’en chargent. Mais aujourd’hui, elle doit
représenter plus encore : le pilier de la force de résistance.
C’est pourquoi, le peuple dépossédé et non
bénéficiaire de ces savoirs, en appelle à Anonymous pour riposter et engager une
guerre de compétences. Seule, la compétence aiguë en informatique est à même de
combattre ces lois, en empêchant à la racine qu’elles s’appliquent. Lorsque la
loi est une violence dissimulée et légalisée, le combat exige des armes égales
et adaptées : il s’agit de rendre inopérante une loi injuste en
neutralisant les moyens informatiques de contrôle abusif, contrôle que cette
loi s’apprête à exercer.
C’est à ce niveau là que doit se hisser
aujourd’hui la PRÉSENCE du peuple.
Captif trop longtemps de son ignorance
organisée, sa présence se lève désormais forte de tous les savoirs individuels et anonyme.
En effet, l’exemple
d’Anonymous nous permet de réaliser que tout un chacun est aujourd’hui devant
un choix, choix qui est à lui seul révolutionnaire. Je peux choisir sciemment
les bénéficiaires de mes propres
compétences : serait-ce donc le peuple lui-même ou l’élite dirigeante… ?
Le peuple présent et
fort de ses compétences réunies et partagées selon les lois les plus humaines
de la démocratie, constitue un véritable contre-pouvoir en émergence.
Mais il y a encore un autre dévoiement de
son propre savoir que le peuple Indigné doit éviter : celui dont le
pouvoir en place est le plus coupable.
Si le savoir, la connaissance représentent un
élément-clé du pouvoir, ce savoir ne peut pas être exercé pour le seul pouvoir
qu’il procure.
Le savoir élitaire pour un pouvoir absolu et
amoral définit le système en place.
Par opposition, le peuple qui aspire à
restaurer sa présence, comprend dès lors que l’équation savoir/pouvoir doit se
prolonger nécessairement dans une finalité haute, et la boussole éthique est là
pour lui indiquer le sens.
C’est ainsi que les vertus démocratiques,
dégagées enfin d’un relativisme confus et dévoyé, deviennent d’indispensables
régulateurs d’action.
Pour un peuple justicier, la meilleure
échappatoire à la répression du système est la légitimité morale de son agir.
Sans anarchie, la subversion s’accorde avec la
droiture.
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